Inventaire : Les mares restaurées, un habitat propice pour les characées

Mare à Chara vulgaris

Chaque année, le PRAM restaure ou accompagne les acteurs à la réalisation de travaux de restauration de mares très dégradées. Un suivi de ces mares est ensuite réalisé par le PRAM et les acteurs locaux pendant les deux années suivant les travaux. Il est ainsi possible de suivre l’évolution du milieu et la colonisation des mares par des espèces de faune telles que le triton crêté, la rainette verte ou encore la grenouille verte commune et des espèces de flore telles que le plantain d’eau, le potamot nageant ou encore… les characées !

Les characées sont des algues évoluées bioindicatrices car elles sont sensibles aux pollutions et témoignent généralement d’une bonne qualité de l’eau. Ce sont des espèces pionnières qui colonisent des milieux neufs ou « rajeunis » tels que des mares restaurées par exemple. Enfin, elles forment des herbiers spécifiques inscrits à la directive Habitats-Faune-Flore, c’est donc une très belle découverte de les retrouver dans les mares restaurées !

Il existe 400 espèces dans le monde. 42 sont présentes en France (dont 2 exogènes) et 36 en Normandie (dont 6 variétés et formes de Chara vulgaris). Elles sont réparties en 4 genres : Chara, Nitella, Nitellopsis et Tolypella.

Parmi les différents projets de restauration de mares ayant eu lieu en Normandie, les characées semblent aujourd’hui bien présentes dans le Pays d’Auge. Par exemple, à Brucourt (14), sur 11 mares restaurées entre 2020 et 2021, 5 d’entre elles se voient accueillir des characées. Ou encore, à Coudehard (61) sur 12 mares restaurées en 2021, 5 abritent désormais des characées.

Un passage sous loupe binoculaire est nécessaire pour l’identification de cette algue. La même espèce est souvent retrouvée. Il s’agit de Chara vulgaris, espèce de taille moyenne, ramifiée, et de couleur vert grisâtre. Incrustée de calcaire, elle est d’apparence rugueuse au touché. Ses verticilles de rameaux sont régulièrement espacés le long de l’axe et d’aspects variables. Présente dans une large gamme d’habitats d’eau douce, on la retrouve préférentiellement sur un substrat minéral. Il s’agit de l’une des espèces les plus communes de characées. Sur certaines mares, nous observons parfois des variantes ou des formes différentes comme C. vulgaris var. longibracteata ou C. vulgaris f. subhispida.

Chara vulgaris f. longibracteata
Chara vulgaris f. subhispida

Bon à savoir : sur la quasi-totalité des communes où le PRAM a effectué des travaux de restauration dans la Manche, l’Orne et le Calvados, au moins l’une des mares est colonisée par une espèce de characées !

Sur les 7 communes de la Manche, de l’Orne et du Calvados ayant fait l’objet d’un inventaire faune / flore cette année, 30 % des mares accueillent une espèce de characée (16 mares restaurées sur 61).

L’apparition de ces espèces dans ces milieux rajeunis montre une nouvelle fois l’intérêt et les bénéfices de la réouverture des mares en passe de disparaître par le biais des travaux de restauration. 

Dans l’Eure et la Seine-Maritime, le suivi réalisé cette année a concerné uniquement des mares restaurées à l’automne dernier (octobre 2022) et n’a pas permis de révéler la présence de Characées. Attention, cela ne signifie pas que les characées ne sont pas présentes sur le territoire. Plusieurs hypothèses peuvent expliquer cette absence : la restauration des mares datant seulement de quelques mois, les characées n’ont peut-être pas encore eu le temps de s’exprimer ou peut-être qu’elles n’ont jamais été présentes localement sur les mares ayant été restaurées en 2022.

L’ensemble des données ont été transmises au Conservatoire Botanique National de Brest (CBN Brest) afin d’améliorer les connaissances sur ces algues dont la méconnaissance est la première raison expliquant la faiblesse des mesures de préservation mises en place pour ces espèces.

Vous souhaitez en savoir plus sur les characées ? Le PRAM organise fin septembre une formation à destination des partenaires sur ces espèces en partenariat avec le CBN Brest. Une session aura lieu en Seine-Maritime dans le secteur de Jumièges et une session dans l’Orne dans le secteur d’Argentan. Vous êtes partenaire du PRAM Normandie et vous souhaitez y participer ? N’hésitez pas à nous contacter !

Ces travaux ont été réalisés grâce au soutien financier de l’Agence de l’Eau Seine Normandie et des fonds européens FEDER par l’intermédiaire de la Région Normandie.

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